Demandez à Eden Fineday comment elle maintient à flot son site de nouvelles en ligne IndigiNews, et elle vous répondra sans détour : « La charité à cent pour cent. »
IndigiNews survit de peine et de misère, passant d’une subvention à l’autre. Lors de notre entretien, Mme Fineday a déclaré qu’elle était à une subvention près de fermer temporairement le site – si ce n’est pour toujours – et elle estime avoir environ cinq mois devant elle. Elle se démène constamment, cherchant à rencontrer de nouvelles personnes, à se constituer un réseau, tout ce qui pourrait conduire à un nouveau partenariat financier susceptible de lui apporter une certaine stabilité. « C’est plus que stressant. Ça n’a littéralement aucun sens. Si je croyais à la logique linéaire, je ne ferais pas ce que je fais », explique l’éditrice d’IndigiNews.
Mais la Inspirit Foundation, la McConnell Foundation, la Real Estate Foundation of BC et le All One Fund, une petite fondation familiale de Colombie-Britannique, croient en IndigiNews et le démontrent en lui octroyant des subventions. Mais ces fondations ne se contentent pas d’essayer de maintenir à flot un organisme sans but lucratif en difficulté. Elles investissent dans ce qu’IndigiNews propose : des articles d’investigation approfondis de correspondants de confiance qui écrivent dans une perspective autochtone tenant compte des traumatismes. IndigiNews ne se précipite pas sur les nouvelles de dernière heure, mais propose des articles plus approfondis rédigés par ses journalistes (tous trois recrutés dans le cadre de l’Initiative de journalisme local) qui vivent dans les collectivités qu’ils couvrent. Les perspectives présentées sont lues par bon nombre de non-Autochtones (environ 75 % du lectorat d’IndigiNews).
« Nous essayons de couvrir des sujets qui portent sur le pouvoir, le changement, la joie et la réappropriation, explique Mme Fineday. Pendant trop longtemps, le journalisme grand public a ignoré, maltraité et mal représenté les peuples autochtones. Nous estimons que nous avons besoin de notre propre voix, de nos propres médias pour partager nos histoires. Nous communiquons notre vision du monde, une vision puissante qui peut aider tout le monde aujourd’hui. »
Avec environ 40 000 pages vues par mois, IndigiNews fournit des nouvelles d’un autre point de vue et pose des actions pour remédier au manque de diversité dans les salles de presse du pays. Le site de nouvelles suscite également l’intérêt des lecteurs et le débat, sans quoi les fondations et les organismes de bienfaisance auraient plus de mal à atteindre les objectifs de leur mission.
« J’espère que nous créons une compréhension interculturelle », déclare Mme Fineday.
Le secteur philanthropique canadien est de plus en plus conscient que le journalisme et la philanthropie ont besoin l’un de l’autre. Si personne ne lit au sujet des changements climatiques – ou n’entend que Donald Trump qualifier le phénomène d’« arnaque » – il est plus difficile de défendre l’action climatique. Cette relation est encore naissante dans notre pays par rapport à d’autres nations, mais la valeur des nouvelles locales est de plus en plus reconnue par le secteur.
On prend de plus en plus conscience que les nouvelles locales sont un pilier de notre démocratie. Elles peuvent tenir les personnes influentes responsables, et peuvent offrir une tribune à des personnes inconnues qui, autrement, ne pourraient jamais faire valoir leurs points de vue face à une personne au pouvoir. Elles peuvent alimenter le débat pendant les campagnes électorales et retirer une partie de la notoriété établie de certaines personnes candidates, qui joue un rôle prépondérant dans des élections qui sont peu ou pas du tout couvertes. Les nouvelles locales favorisent la cohésion des collectivités. Lorsque vous lisez un article sur l’équipe sportive locale, sur un centre communautaire qui est en mauvais état ou sur un résident qui a excellé dans une activité, l’organe de presse constitue la place publique où l’on discute de ces événements. Il peut permettre à des quartiers disparates de fusionner pour n’en former qu’un seul.
Les nouvelles locales peuvent atténuer la polarisation qui prédomine en 2025 et faire taire une partie du matraquage médiatique dévastateur en fournissant des points de vue éclairés de façon non partisane. Il est essentiel de lutter contre la désinformation, d’étouffer les théories du complot et d’attirer l’attention sur les partisans des médias sociaux qui donnent dans la toxicité plutôt que de se fonder sur des faits.
Les nouvelles locales peuvent donner une voix aux personnes sous-représentées ou marginales qui, autrement, ne disposent d’aucune tribune pour faire connaître leurs problèmes.
Mais les nouvelles locales doivent solidifier de toute urgence leurs fondations avant de pouvoir consolider leur position. « Je ne me fais pas d’illusion en pensant que cela va résoudre le problème [des nouvelles locales] », affirme Niamh Leonard, directrice générale de la Fondation Euphrosine, établie à Montréal, qui fournit du financement destiné aux collectivités mal desservies. Mais elle affirme que le secteur a la responsabilité de fournir un pont vers le journalisme local tout en recherchant un avenir plus durable. « Qu’il s’agisse de pauvreté, d’itinérance ou de climat, sans journalisme, il est très difficile d’accomplir ces missions. »
À la fin du mois d’octobre, en s’appuyant sur une conférence réussie l’an dernier, des éditeurs, des journalistes et des chefs de file du secteur philanthropique se réuniront de nouveau à Charlottetown sous la direction de la Fondation Rideau Hall (FRH) et de la Fondation des Prix Michener (FPM) afin d’élaborer les prochaines étapes pour renforcer les organes de presse locaux en difficulté.
Une étude de Statistique Canada a révélé que près de six Canadiens sur dix s’informent sur Internet ou dans les médias sociaux, mais qu’un nombre presque identique (59 %) se dit très ou extrêmement préoccupé par la propagation de la désinformation, et 43 % des répondants ont indiqué qu’il est de plus en plus difficile de détecter les fausses informations en ligne. Statistique Canada a cité des études récentes montrant que la désinformation peut éroder la confiance dans les médias et les institutions publiques, tout en renforçant la polarisation et en minant la cohésion sociale. Alors que les nouvelles locales crédibles se font de plus en plus rares, la désinformation comble le vide.
Les nouvelles locales sont également considérées comme fiables… même si on en trouve de moins en moins.
Un sondage Ipsos réalisé en janvier 2025 pour le Forum des politiques publiques (FPP) en partenariat avec la FRH et la FPM a révélé que 87 % des Canadiens dans les petites collectivités croient que les nouvelles locales sont importantes pour assurer le bon fonctionnement de la démocratie et qu’ils font confiance à la radio et aux journaux locaux (85 %) par rapport aux journaux nationaux (71 %) ou aux sites de nouvelles en ligne internationaux (55 %). Ce sondage a été réalisé dans le cadre du rapport du FPP intitulé Remettre le local au cœur des médias locaux. Dans le cadre d’un rapport ultérieur du FPP intitulé L’information en question : Renforcer la démocratie en restaurant la couverture médiatique des élections, le FPP a étudié l’effet sur les électeurs du manque de nouvelles locales dans les collectivités. Dans le cadre de ce travail, Ipsos a constaté que 70 % des électeurs interrogés estimaient que davantage de nouvelles locales leur auraient permis d’être mieux informés, et que 57 % estimaient qu’ils ne disposaient pas de suffisamment de nouvelles locales, ou qu’ils auraient pu en utiliser davantage pour prendre une décision éclairée aux urnes.
Dès les premiers jours de la campagne, à la vitesse de l’éclair, le FPP a créé le fonds de 525 000 dollars Couvrir le Canada : Élections 2025 avec ses partenaires de la FRH et de la FPM. Ce fonds offre des subventions de 2 000 à 35 000 dollars à de petits organes de presse ayant peu de ressources dans les régions éloignées et mal desservies pour permettre à leurs journalistes de se déplacer pour couvrir les campagnes locales. Le fonds a été lancé grâce à un don initial de la Fondation Rossy et a reçu des dons des fondations Donner, Echo, Metcalf et Gordon. Le rapport FPP L’information en question recommande la création d’un fonds électoral commun, permanent et non partisan.
Puis, en septembre, Inspirit a lancé le Fonds Avenir Médias en partenariat avec les dons des fondations Euphrosine, Sonor et McConnell. Le fonds appuiera des petites et moyennes organisations qui « font du journalisme percutant, qui mobilisent leur public, qui sont dirigées par des membres de communautés mal desservies par les médias canadiens et qui sont résolument tournées vers l’avenir ». Le financement est réservé aux organisations qui sont en activité depuis au moins un an (aucune entreprise en démarrage), qui ne comptent pas plus de dix employés et dont le budget est inférieur à un million de dollars.
Deux à sept organisations recevront des subventions de 50 000 à 200 000 dollars par année pendant trois ans. Les candidatures seront examinées par un comité indépendant. Les quatre fondations, ainsi que des donateurs individuels, ont fourni un capital de départ de 3,15 millions de dollars. Un webinaire d’information a attiré 105 organisations intéressées à la séance en anglais et 30 autres à la séance en français. L’objectif est de créer d’ici 2029 un modèle permanent de collaboration journalisme-philanthropie doté d’un fonds de 8 millions de dollars, sur la base de modèles éprouvés tels que Press Forward et le Media Forward Fund aux États-Unis, ou le Fundo de Apoio ao Jornalismo au Brésil.Press Forward compte 41 sections locales aux États-Unis et a recueilli plus de 200 millions de dollars américains auprès de 110 bailleurs de fonds pour les nouvelles locales. (Une organisation canadienne non affiliée portant le même nom a été créée pour renforcer les médias indépendants au pays. Elle recherche également des partenaires philanthropiques.)
« Pour un bailleur de fonds canadien qui se lance dans le financement du journalisme, il peut être intéressant de participer à ce mouvement de démarrage », explique Ana Sofia Hibon, gestionnaire de programme à Inspirit.
Un exemple : la Fondation Euphrosine a été officiellement lancée le 9 avril en ayant pour mission de soutenir les organismes de bienfaisance qui renforcent la démocratie, tiennent les personnes influentes responsables et appuient les droits de la personne au pays. Fondée par Claire Trottier et issue de la Fondation Trottier, elle dispose d’une dotation initiale de 60 millions de dollars et a une durée de vie prévue de 30 ans. La fondation a accordé une subvention de 750 000 dollars à Inspirit pour le fonds. « Nous considérons le journalisme comme un élément essentiel d’une démocratie fonctionnelle », explique Mme Leonard.
« Le journalisme et la philanthropie n’ont pas eu besoin l’un de l’autre par le passé. Ce sont des secteurs qui apprennent à se connaître », ajoute Mme Leonard. De par sa participation, Euphrosine pourra mieux comprendre les partenariats journalistiques et respecter l’indépendance des médias, plutôt que d’agir en tant que machine des communications d’une fondation donatrice, ajoute-t-elle. « Nous devons déterminer quel sera le prochain chapitre, déclare-t-elle. Nous finançons les hôpitaux et les universités. Le journalisme devrait être l’une des institutions que la philanthropie juge digne de défendre. »
Mme Hibon cite le credo de la fondation américaine Knight : « Quelle que soit votre première priorité, le journalisme devrait être votre deuxième. » Sans journalisme, dit-elle, il n’y a pas de lectorat engagé, et les bailleurs de fonds de l’information fiable doivent évaluer le paysage et planifier un avenir plus favorable.
Inspirit a été le pionnier du soutien philanthropique au journalisme local et à la collecte de données, mais Mme Hibon ne croit pas que le secteur soit encore passé du « pourquoi » au « comment » lorsqu’il s’agit de soutenir les nouvelles locales. « Je pense que nous faisons les deux en même temps, dit-elle. L’argument du “pourquoi” évolue à mesure que les temps changent, et nous assistons à la montée du fascisme et de l’autoritarisme. À mesure que de nouveaux bailleurs de fonds s’engagent, nous pourrons explorer de multiples “comment”. J’espère que beaucoup d’autres initiatives en faveur du journalisme viendront s’ajouter à ce fonds. »
Alors que la plupart des travaux récents ont porté sur l’amplification des voix non entendues et l’atteinte des collectivités mal desservies, l’organisme Fondations communautaires du Canada (FCC) rappelle qu’il soutient depuis longtemps les nouvelles locales indépendantes, notamment par l’entremise de la Vancouver Foundation et de la Winnipeg Foundation. Un article de mai 2025 rédigé pour PhiLab par Magda Konieczna et Jessica Botelho-Urbanski de l’Université Concordia, intitulé In Defence of the Local: How Community Foundations across Canada Are Supporting Local News, donne l’exemple de la Winnipeg Foundation, qui a financé conjointement une journaliste environnementale pour The Narwhal et Winnipeg Free Press. Elle a fourni 75 000 dollars par année pendant trois ans pour soutenir ce travail.
La Vancouver Foundation gère le Ross Howard Fund, nommé en l’honneur du regretté journaliste et instructeur, qui octroie chaque année 1 200 dollars à une personne étudiante talentueuse du Langara College de Vancouver, où M. Howard a enseigné.
La Toronto Foundation a pris un engagement extraordinaire de dix ans à l’égard de The Local, une publication en ligne qui couvre des quartiers et des histoires ignorés par les grands médias torontois. L’engagement a commencé à 25 000 dollars par année, puis est passé à 50 000 dollars.
L’Edmonton Community Foundation a financé The Narwhal, The Breach ainsi que d’autres projets journalistiques, et la Fondation du Grand Montréal a financé une salle de nouvelles locale et s’est engagée à travailler davantage avec le journalisme communautaire à l’avenir.
FCC compte 208 fondations communautaires parmi ses membres, dont les actifs totalisent 7,5 milliards de dollars à l’échelle du pays. Les fondations communautaires ont été à l’origine de 5,5 % de l’ensemble du soutien des fondations aux médias entre 2009 et 2021, octroyant 1,1 milliard de dollars au cours de cette période.
« Il semble y avoir une nouvelle énergie autour de la table, déclare Geneviève Vallerand, vice-présidente de FCC. Ce dossier est d’actualité depuis longtemps au sein de notre réseau, mais cette année, la conversation a évolué. » La montée de la désinformation en ligne est devenue plus concrète, dit-elle, ce qui rend plus urgente la protection du journalisme local.
« Mon rêve est que nous puissions, dans les années à venir, examiner la façon dont les fondations communautaires peuvent jouer un rôle et que FCC puisse soutenir une initiative à grande échelle sur ce sujet », déclare Mme Vallerand. Ainsi, FCC se retrouverait à la même table que d’autres organismes qui travaillent avec des médias indépendants. « Nous devons y être. La question est trop importante pour qu’une seule entité s’en charge. »
Il est clair qu’il y a eu une évolution au cours des dernières années, dont une grande partie est décrite dans cette publication.
En 2018, Ian Gill a reconnu que bien que certaines fondations comme la Vancouver Foundation financent le journalisme, il s’agit d’une initiative très rare. Il a cité des notes compilées lors d’un forum de bailleurs de fonds du journalisme tenu à Londres en 2017, soulevant une question provocatrice : « Qu’en est-il du financement du journalisme en tant que tel? Il ne s’agit pas d’un journalisme étroitement lié aux résultats ou aux impacts souhaités par les bailleurs de fonds, ni de cas où “les philanthropes coopèrent avec des professionnels des médias qui partagent le même intérêt thématique”, mais plutôt d’une adhésion à un modèle de journalisme indépendant, non lié et sans aucune obligation de servir de simple “amplificateur du travail des organismes philanthropiques lié à des questions particulières. En effet, comment les bailleurs de fonds sont-ils censés soutenir un secteur qui est souvent dépeint comme louche ou délibérément conflictuel?” »
Deux ans plus tard, Chris Waddell, écrivain de longue date, animateur de radio et universitaire, a pris la parole dans ces pages pour faire valoir que les nouvelles lois fédérales permettant aux médias de devenir des entités sans but lucratif n’en valaient probablement pas la peine. « Au Canada, il n’y a pas de tradition de fondations ou de dons philanthropiques pour soutenir le journalisme. Rien au Canada n’est comparable au Poynter Institute, à la Knight Foundation, à la Nieman Foundation ou à la Gannett Foundation aux États-Unis, où la liberté d’expression et les droits du premier amendement suscitent un vif intérêt. Ces fondations ont toutes été créées par des familles qui se sont enrichies grâce à la propriété des médias et qui financent aujourd’hui des projets dans le domaine des médias et du journalisme. »
En novembre 2023, le ton a changé. Angela Long a écrit sur la longue histoire de l’échec des médias et des questions sur ce qu’il convient de faire (j’ai travaillé pour deux journaux qui ont disparu en l’espace de trois ans, il y a plusieurs décennies), mais elle a ajouté une perspective plus optimiste : « Partout dans le monde, ceux qui croient au pouvoir du journalisme s’efforcent de modifier le cours de cette trajectoire. » Elle a interrogé 14 personnes pour son article – des critiques des médias aux universitaires, en passant par les bailleurs de fonds et les journalistes – et toutes s’accordent pour dire que la philanthropie, si elle est bien menée, est un élément important pour assurer la pérennité des nouvelles locales. Pourtant, il y a encore deux ans, la philanthropie considérait le financement du journalisme comme une tâche redoutable. La courbe d’apprentissage était raide.
Mme Hibon a déclaré à Mme Long : « En termes simples, il est devenu évident que les philanthropes et les journalistes ne se connaissaient pas vraiment. » Les bailleurs de fonds avaient beaucoup de questions au sujet de l’indépendance éditoriale, dit-elle, mais cela ne semblait pas être un problème chez les journalistes, qui ont indiqué clairement qu’ils ne se laisseraient pas influencer par une tierce partie.
Cela n’a jamais été le cas pour IndigiNews depuis le début de ses publications en 2020. « Personne ne nous a jamais approchés avec quoi que ce soit d’autre que “Voici un peu d’argent pour rester à flot, nous vous faisons confiance pour faire votre journalisme, et nous restons en arrière-plan, mais à votre disposition au besoin” », déclare Mme Fineday.
Pourtant, Mme Fineday se démène chaque jour, comme tous ceux qui travaillent dans le domaine des nouvelles locales. Quiconque s’abonne aux sites de nouvelles The Walrus ou The Narwhal, pour ne citer que ces deux exemples, reçoit régulièrement des appels aux dons, au-delà de tout financement philanthropique qu’ils reçoivent, en raison de l’excellence de leur journalisme. Le West End Phoenix de Toronto a récemment rempli un terrain de stationnement un samedi soir pour une collecte de fonds intitulée « Start Making Sense », dans laquelle des artistes locaux ont livré leur propre interprétation sur la liste de lecture du film emblématique Stop Making Sense du groupe Talking Heads. Des appels à « soutenir le journalisme local » ont suivi les derniers accords de plusieurs morceaux.
Mme Fineday compte 475 donateurs récurrents, dont 300 font un don chaque mois. Cela représente une partie importante de ses revenus. Les dons peuvent être aussi modestes que 5 dollars par mois, pour un total de 95 000 dollars par année, ce qui représente de 15 à 20 % du budget d’IndigiNews. Elle rêve néanmoins d’un financement durable. « J’espère juste qu’il n’en sera pas toujours ainsi. »
La diversité des nouvelles locales demeure un objectif difficile à atteindre, mais les programmes universitaires trouvent des moyens de changer le paysage à l’échelle locale. Le King’s College d’Halifax, par exemple, couvre les frais de scolarité et les frais accessoires pour un maximum de trois étudiants micmacs par année dans ses programmes de journalisme dans le cadre d’une initiative lancée en 2022. Ce programme a déjà permis à un diplômé d’obtenir un stage rémunéré de six semaines à CBC Halifax, mais Trina Roache, une ancienne journaliste qui supervise le programme, affirme que les journalistes micmacs peuvent apporter leur point de vue à n’importe quel type de reportage.
« Les journalistes micmacs n’ont pas à se contenter d’écrire des articles sur les Micmacs », explique Mme Roache. « Le fait d’être Micmac est quelque chose que l’on porte en soi. » Il est nécessaire de faire entendre davantage de voix autochtones dans les nouvelles locales, dit-elle. « Il est difficile de se tromper en faisant un reportage sur un mawio’mi (un rassemblement comme un pow-wow). Mais lorsqu’il s’agit d’un article sur un conflit concernant les droits issus de traités, les Micmacs perçoivent très bien comment cette histoire est racontée et le fait qu’elle puisse ne pas refléter le point de vue, la compréhension ou la réalité des Micmacs si l’article n’est pas rédigé par un journaliste micmac. Il n’est donc pas difficile de déterminer où les voix micmaques sont nécessaires. »
Ou, si vous êtes journaliste pour IndigiNews, vous racontez des histoires, comme cela a été le cas en 2021, révélant comment les alertes à la naissance (lorsqu’un hôpital est informé par des travailleurs sociaux qu’un nouveau-né peut avoir besoin de protection, ce qui permet de le retirer à sa mère à son insu) étaient toujours en vigueur, même après l’envoi par le gouvernement de la Colombie-Britannique de notes de service aux hôpitaux qualifiant cette pratique d’anticonstitutionnelle. Le gouvernement a tenté d’empêcher IndigiNews de publier cet article et de l’obliger à caviarder rétroactivement des parties d’un document déjà en sa possession.
« Nous avons refusé », explique Mme Fineday. Sans le financement philanthropique permettant à IndigiNews de dénoncer les abus du gouvernement, de nombreux autres bébés auraient pu être injustement séparés de leur mère. C’est une autre raison convaincante d’aider les médias locaux à repousser les marées financières et sociétales afin de rester fermes, fidèles à eux-mêmes, et de prospérer.