Centre d’écologie urbaine de Montréal : bâtir des villes résilientes à l’échelle humaine

La résilience est essentielle pour s’adapter à la transition. Dans notre deuxième profil de notre série Mission de transition, nous nous intéressons au Centre d’écologie urbaine de Montréal qui vise à développer la capacité des citoyens et des communautés du Québec à travailler ensemble pour créer des villes démocratiques, en santé et résilientes à l’échelle humaine.

La résilience est essentielle pour s’adapter à la transition. Dans notre deuxième profil de notre série Mission de transition, nous nous intéressons au Centre d’écologie urbaine de Montréal qui vise à développer la capacité des citoyens et des communautés du Québec à travailler ensemble pour créer des villes démocratiques, en santé et résilientes à l’échelle humaine.

Les organismes à but non lucratif s’attaquent aux grands problèmes : la pauvreté, les inégalités en matière de santé, d’éducation et d’accès au travail, la discrimination sexuelle et raciale, les crises des réfugiés, l’insécurité alimentaire, le développement communautaire, etc. Cependant, un défi transversal exige une contribution à un autre niveau : la crise climatique. Dans cette série, la journaliste Diane Bérard se penche sur les raisons pour lesquelles les organismes à but non lucratif et les groupes de la société civile devraient faire de la transition socioécologique un élément central de leur stratégie, les moyens d’y parvenir et l’aide que peuvent offrir les bailleurs de fonds. Elle s’est entretenue avec sept organismes aux missions très différentes, qui contribuent toutes à la transition à leur manière.

La résilience est essentielle pour s’adapter à la transition. Dans notre deuxième profil de notre série Mission de transition, nous nous intéressons au Centre d’écologie urbaine de Montréal qui vise à développer la capacité des citoyens et des communautés du Québec à travailler ensemble pour créer des villes démocratiques, en santé et résilientes à l’échelle humaine.


Centre d’écologie urbaine de Montréal (Montréal, ainsi que des projets dans tout le Québec et des partenariats dans tout le Canada)
Véronique Fournier, directrice générale
Mission : bâtir des villes résilientes grâce à l’engagement communautaire
Quelle est la mission du Centre d’écologie urbaine de Montréal?

Nous développons le pouvoir d’agir des citoyens et augmentons les capacités des communautés à travailler ensemble pour créer une ville à l’échelle humaine. Nous proposons des pratiques et des politiques pour créer des villes écologiques, démocratiques et en santé. Nous avons lancé nos premières initiatives, il y a 25 ans, alors que la société comprenait à peine les défis environnementaux. À l’époque, la nature était considérée comme une « affaire des milieux ruraux »; il était essentiel de protéger les grands espaces canadiens. Aujourd’hui, alors que 80 % des Canadiens vivent dans des villes, nous nous rendons compte que les espaces verts sont aussi une « affaire des milieux urbains ».

Votre champ d’action se limite-t-il à Montréal?

Non, nous avons commencé à Montréal, mais nous réalisons des projets partout au Québec. Nous avons également établi des partenariats avec des organismes dans d’autres provinces.

Several volunteers in hard hats with shovels are distributing a pile of dirt.
Serres urbaines Notre-Dame/Resolute Forest Products. Photo: Paul Choquette
Quelle est votre définition de la transition?

Pendant de nombreuses années, le développement des villes a été favorisé au détriment de la condition humaine. Les morts pendant les vagues de chaleur montrent bien pourquoi les villes ne sont pas viables comme elles ont été planifiées. Il est temps que l’urbanisme tienne compte des citoyens; nous méritons des espaces de vie sains et régénératifs. La préservation du couvert forestier, le maintien de la biodiversité, la gestion des eaux pluviales et la limitation de l’asphalte font partie de la solution. Cependant, la transition n’est pas seulement un enjeu physique. Comme la crise climatique a une incidence disproportionnée sur certains groupes, la transition est un enjeu social. 

Comment décririez-vous la contribution des parties prenantes à la transition?

Les citoyens ont une expérience vécue, les professionnels ont les connaissances et les gouvernements ont le pouvoir de réglementation.

Comment le Centre d’écologie urbaine de Montréal contribue-t-il à la transition?

Notre contribution couvre un large spectre. Nous suscitons un débat public en nommant les problèmes et en proposant des solutions. Toutes nos interventions sont axées sur le lien entre le climat et les communautés. On ne peut pas s’attaquer aux problèmes environnementaux sans tenir compte des humains, et vice versa.

Nous contribuons également à l’acquisition du savoir. Par exemple, nous avons fait équipe avec les universités de Toronto et de Calgary pour étudier la sécurité des piétons. La question était la suivante : y a-t-il plus d’accidents impliquant des piétons dans les quartiers pauvres? Nous avons également contribué à l’étude d’une structure de gouvernance pour les projets de transition. Nous travaillons actuellement avec un groupe d’universités qui étudient les meilleures pratiques en matière de gestion des eaux pluviales.

Sous les pavés est l’un de vos projets phares. De quoi s’agit-il?

Il s’agit d’un projet de déminéralisation dans le cadre duquel les citoyens retirent l’asphalte à la main pour récupérer des espaces verts. Au cours de la première phase, plus de 35 projets ont été réalisés dans 15 régions du Québec sur une période de cinq ans. Ce printemps, nous avons lancé la deuxième phase, et tous les membres de la cohorte ont été sélectionnés. Nous épaulerons ces groupes au moyen de financements et de formations, en partenariat avec la Banque TD. Sous les pavés forme les formateurs. Les organismes à but non lucratif relèvent les sites qui bénéficieraient d’une déminéralisation et nous demandent de l’aide. Une fois qu’ils ont acquis les connaissances nécessaires pour passer à l’action, ils font appel aux citoyens. Les citoyens doivent mettre la main à la pâte. Sous les pavés est une initiative d’adaptation aux changements climatiques. Contrairement à l’asphalte, les espaces verts retiennent les eaux de pluie. Les projets d’adaptation aux changements climatiques aident à réduire la courbe d’apprentissage des organismes à but non lucratif et des citoyens en ce qui concerne la transition.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples des réalisations de Sous les pavés?

En 2019, ce sont 100 m2 d’asphalte qui ont été enlevés de l’aire de stationnement du marché public à Shawinigan. Le projet a mobilisé 49 bénévoles. En outre, du gazon et des arbres fruitiers ont été plantés, ce qui offre un espace de détente pour les habitants et les visiteurs. Le résultat? Ce sont 212 m3 d’eau qui sont détournés des égouts et 54 kg de polluants qui sont détournés des cours d’eau. Cet été, Environnement Mauricie, l’organisme à but non lucratif qui a mené le projet du marché public, supervisera la déminéralisation d’une cour d’école à Trois-Rivières.

En septembre 2021, plus de 20 bénévoles ont enlevé 90 m2 d’asphalte de l’aire de stationnement de la Société Alzheimer de Granby. Leur travail a mené à la création d’un petit parc pour tous les citoyens.

Depuis août 2018, les résidents du Gîte Ami, un centre d’hébergement œuvrant auprès de personnes confrontées à des difficultés liées à l’exclusion sociale et à l’itinérance, à Gatineau, ont gagné un îlot de fraîcheur de 90 m2.

A group of volunteers planting a tree.
Marché Public de Shawinigan. Photo: Martin Matteau
La plupart de ces projets sont menés par des organismes à but non lucratif. Toutefois, il existe également des initiatives privées. Pouvez-vous raconter l’une de ces histoires?

En ralentissant ses activités à Gatineau, Produits forestiers Résolu n’avait plus besoin d’autant d’espaces de stationnement. La société a donc cédé le terrain à l’organisme Les Serres urbaines Notre-Dame. Il s’agit d’une entreprise d’économie sociale qui revoit le circuit alimentaire de son quartier afin de tendre vers un système local. L’aire de stationnement de Résolu a été transformée en jardins communautaires grâce à l’aide des employés de la société. Ce projet visait non seulement la sécurité alimentaire, mais également l’adaptation aux changements climatiques, comme la région de Gatineau a été touchée par d’importantes inondations, en 2017 et 2019. Le verdissement de l’aire de stationnement de Résolu augmente la résilience de la communauté face aux inondations.

Votre organisme à but non lucratif a participé à un projet décennal sur les transports avec les villes de Toronto et de Calgary. Quelle était l’intention?

Le Réseau Quartiers verts est le résultat d’une collaboration entre The Centre for Active Transportation (Toronto), la Sustainable Calgary Society et nous. Ensemble, nous avons élaboré et partagé des approches innovantes qui permettent de concevoir collectivement des quartiers vivants. Nous avons travaillé avec 20 communautés afin de bâtir des milieux de vie qui favorisent la marche, le vélo et d’autres moyens de transport actifs, en offrant un aménagement urbain sécuritaire et accueillant pour tous. Le processus comprenait l’évaluation de problèmes particuliers et la proposition de solutions ciblées. Le résultat à long terme de cette collaboration est la publication d’une boîte à outils pour favoriser l’urbanisme participatif. Nous expliquons en quoi consistent des politiques publiques saines ainsi que la façon de les influencer et nous offrons des modèles d’enquêtes auprès des citoyens. Elle comprend également des renseignements sur la sécurité routière pour les usagers vulnérables et la transformation des rues pour permettre des jeux actifs. 

Quelles sont vos sources de financement?

Nous recevons des subventions pour nos différents projets. De plus, nous agissons comme une entreprise sociale auprès des municipalités. Ces dernières nous engagent pour développer et gérer leurs initiatives participatives. Par exemple, en 2021, nous avons mis en œuvre le premier processus de budget participatif de l’arrondissement de LaSalle. À la suite de ce processus, LaSalle a décidé de consacrer un surplus budgétaire de 150 000 $ à des initiatives citoyennes. Le Centre d’écologie urbaine a sensibilisé la population au budget participatif, supervisé la création d’un comité de pilotage composé de citoyens, de professionnels et d’élus, encouragé la participation et évalué le processus. Parmi les 94 projets proposés pour améliorer la qualité de vie à LaSalle, trois ont été choisis par vote et ont mobilisé 818 citoyens.

Selon vous, quel rôle le secteur philanthropique doit-il jouer dans la transition?

Les fondations œuvrant à réduire la pauvreté sont les premières concernées, car la crise climatique accentue les inégalités. Toutes les initiatives d’adaptation liées à la transition ont une incidence sur la vie quotidienne des personnes vulnérables. La philanthropie peut également aider les communautés vulnérables à embaucher des employés à plein temps pour faciliter la mobilisation et l’action. Les bénévoles peuvent faire beaucoup. Enfin, la transition demande un important changement de paradigme. Il faut construire un récit solide. Les fondations peuvent apporter leur contribution. Les philanthropes sont à l’aise de financer des projets qui soutiennent la démocratie aux États-Unis, mais ils ne le sont pas encore au Canada. Voici quelques exemples d’initiatives soutenant la démocratie : un groupe d’étudiants qui rencontrent des représentants du gouvernement local, une étude de l’incidence des budgets participatifs, un réseau de villes qui met en œuvre diverses initiatives participatives, des cours sur la gestion de projet et des programmes gouvernementaux. Comme vous pouvez le constater, le spectre est large et les possibilités sont infinies!

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