Les élections fédérales qui se déroulent actuellement arrivent à un moment critique de l’histoire du Canada : notre prospérité, notre souveraineté, nos droits et libertés démocratiques font l’objet d’attaques sans précédent. L’imposition de tarifs douaniers généralisés par le gouvernement Trump fait craindre aux Canadiens et Canadiennes de graves préjudices économiques. L’impact négatif qui vient avec l’augmentation des coûts, la fermeture d’entreprises et les pertes d’emplois a un effet d’entraînement important sur les organismes de bienfaisance et sans but lucratif et les communautés qu’ils servent. Aux États-Unis, les institutions démocratiques sont ébranlées et, malheureusement, notre propre démocratie est également mise à l’épreuve. Une tendance inquiétante s’est manifestée chez les dirigeants politiques, qui veulent supprimer le financement ou « retirer l’enregistrement » des organismes de bienfaisance enregistrés qui ne sont pas d’accord avec eux, ou les faire fermer. Le travail des organisations caritatives et à but non lucratif consiste non seulement à fournir des services fondamentaux dans les communautés de tout le pays et du monde entier, mais aussi à s’exprimer sur des questions qui les touchent de près et à proposer des solutions.
La démocratie canadienne se caractérise par la vigueur des débats et le respect des désaccords. Pendant des décennies, les organismes caritatifs et sans but lucratif du pays ont plaidé en faveur de changements qui ne sont plus contestés aujourd’hui, qu’il s’agisse, entre autres, de lois sur la conduite automobile avec facultés affaiblies, d’interdictions de fumer, de la protection de notre environnement ou de préparations pour bébés plus sûres. Pourtant, au cours de la dernière décennie, les dirigeants politiques ont de plus en plus souvent suggéré que le rôle des organisations caritatives en tant que défenseurs des intérêts de la communauté devait être réduit. Nous assistons à une politisation accrue des organismes de bienfaisance, que ce soit par le biais d’audits d’activités politiques, de recommandations dans des rapports gouvernementaux visant à « désenregistrer » les organismes de bienfaisance qui travaillent dans le domaine de la santé reproductive ou de la chasse au phoque, ou d’attaques contre des organismes qui prennent position sur les politiques relatives aux réfugiés et à l’immigration ou sur la communauté 2SLGBTQ+. Tout le monde devrait s’inquiéter de la tendance à restreindre, à étouffer et à faire taire les voix qui s’expriment sur des questions de société afin de promouvoir des intérêts politiques partisans.
La qualité de vie à laquelle nous aspirons et dont nous jouissons dans ce pays est le résultat direct de l’imbrication des gouvernements, des entreprises, des organismes de bienfaisance et des organisations à but non lucratif, ainsi que d’un écosystème médiatique sain et indépendant. Lorsqu’elles fonctionnent en harmonie, la contribution des pouvoirs publics à la mise en place d’un environnement législatif et réglementaire favorable, celle des entreprises à la création de richesses et de prospérité et celle du secteur à but non lucratif au soutien de ceux qui en ont besoin et à l’enrichissement du tissu social sont autant d’éléments qui constituent une formule puissante et typiquement canadienne pour le bien-être de tous. Dans une société pluraliste et démocratique, il est normal et souhaitable que les Canadiens et Canadiennes envisagent et élaborent des solutions contradictoires. Nous donnons le meilleur de nous-mêmes lorsque nous parvenons à concilier ces éléments de tension et, à défaut de pouvoir le faire, lorsque nous respectons toujours les divergences d’opinions.
D’un point de vue économique, l’inflation induite par les tarifs douaniers aura un impact négatif sur la capacité des organisations caritatives à offrir un soutien aux personnes touchées par la précarité et l’insécurité alimentaire : banques alimentaires, organisations soutenant les personnes sans logement, organisations caritatives fournissant des repas aux familles qui doivent subvenir aux besoins de leurs enfants gravement malades, à titre d’exemples. Cet impact désastreux ne se limite pas à nos frontières. En effet, les organisations canadiennes engagées dans le développement international et l’aide humanitaire voient leur capacité à poursuivre ce travail essentiel considérablement perturbée par les réductions budgétaires draconiennes imposées à l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Puisque le secteur à but non lucratif emploie 2,5 millions de personnes, mobilise près de 13 millions de bénévoles chaque année et contribue à hauteur de 8,5 % au PIB, l’affaiblissement de l’économie globale affectera non seulement les services essentiels, mais aussi les moyens de subsistance des populations partout dans le monde.
Les Canadiens et Canadiennes ont l’occasion d’influer sur les priorités de notre prochain gouvernement fédéral. Lorsque les candidats qui aspirent à diriger frapperont à votre porte pendant la campagne électorale pour solliciter votre soutien, demandez-leur comment ils s’assureront que la capacité du secteur sans but lucratif à répondre aux besoins des citoyens et citoyennes grâce à des services qui ont un impact et à s’exprimer sur des questions importantes sera protégée afin que nos communautés restent fortes et libres.