Cette année marque le 40e anniversaire de la Fondation Trillium de l’Ontario. Pour souligner l’occasion, The Philanthropist Journal examine l’impact que la Fondation a eu sur les bénéficiaires de subventions, le secteur sans but lucratif et les communautés de l’Ontario.
Des milliers de subventions ont été octroyées depuis le lancement de la Fondation Trillium de l’Ontario (FTO) il y a 40 ans. Bien que les subventions varient en forme et en taille, elles sont toutes octroyées à des projets qui s’inscrivent dans le cadre du mandat de la FTO, qui est de favoriser le bien-être des communautés de l’Ontario.
Avoir un impact direct sur la vie des Ontariens
La Windsor-Essex Therapeutic Riding Association (WETRA) a reçu plusieurs subventions de la FTO sur une période de 20 ans. La WETRA offre une thérapie équine aux personnes ayant des besoins divers dans la communauté de Windsor-Essex. « Les subventions nous ont certainement aidés en nous permettant d’élargir nos possibilités de joindre des personnes qui peuvent avoir divers types de besoins spéciaux ou de circonstances auxquels nous n’avions pas pensé », déclare la directrice générale Becky Mills.
En 2016, la WETRA a utilisé une subvention de la FTO pour créer le programme Horses Offering Outstanding Futures (HOOF) destiné aux jeunes faisant face à des obstacles. Plus récemment, des subventions de la FTO ont permis à la WETRA d’ajouter des places de stationnement accessibles, de fournir des ordinateurs aux membres du personnel, de créer une vidéo promotionnelle et de mettre en œuvre des mesures de sécurité liées à la COVID-19.
Les subventions de la FTO ont aussi permis à Big Brothers Big Sisters (BBBS) of Peel York d’élargir ses services et de joindre de nouvelles communautés. BBBS est un organisme de mentorat qui offre des relations développementales aux enfants et aux jeunes faisant face à l’adversité. Le 1er janvier 2022, les bureaux locaux de Peel et York se sont unifiés pour représenter une plus grande partie de la communauté.
Katie Lowes, directrice des programmes de BBBS of Peel York, affirme que les subventions de la FTO ont permis à l’organisme de « sortir un peu des sentiers battus et d’aller au-delà de nos programmes habituels ainsi que de travailler avec divers types de communautés et de partenaires ».
En 2020 et 2021, le Fonds pour les communautés résilientes a permis à BBBS of Peel York d’embaucher de nouveaux membres du personnel pour aider l’organisme à servir sa communauté durant la pandémie de COVID-19. L’organisme a aussi utilisé des subventions de la FTO pour appuyer un programme de cercle de conversation pour les jeunes nouveaux arrivants, élargir le programme de mentorat pour les adolescents, accroître la sensibilisation aux communautés racialisées, ainsi que soutenir les programmes existants.
Le soutien précoce de la FTO à Passeport pour ma réussite – un programme instauré en 2001 pour aider les étudiants du secondaire vivant dans des communautés à faible revenu – illustre l’impact que le financement peut avoir sur de nouveaux organismes. À l’époque, la FTO a octroyé à Passeport pour ma réussite la plus importante subvention qu’elle avait octroyée, et ce qui était au départ une initiative locale pour les jeunes de Regent Park de Toronto est devenue depuis un programme pancanadien.
« Il s’agit donc d’une énorme histoire de réussite quand on pense à [Passeport pour ma réussite] et au défi que représente, dans notre secteur, le fait de lancer quelque chose de nouveau et de le faire passer à une plus grande échelle », déclare Blair Dimock, vice-président des partenariats et des mesures de la FTO.
Développer le secteur sans but lucratif
L’impact de la FTO va au-delà du soutien direct aux organismes individuels et s’étend à l’ensemble du secteur sans but lucratif de la province. « Le secteur sans but lucratif de l’Ontario est plus fort, beaucoup plus fort, aujourd’hui qu’il l’était il y a 40 ans, et j’aime à penser que la Fondation y a joué un rôle important », déclare Robin Cardozo, ancien chef de la direction de la FTO.
« Je ne pense pas que nous ayons déjà envisagé que la FTO, grâce à ses programmes de subventions, aiderait le secteur sans but lucratif de la façon dont nous l’avons aidé à renforcer sa capacité », déclare la chef de la direction actuelle, Katharine Bambrick. « Et je pense qu’en partie parce que nous existons depuis 40 ans, nous avons été une constante pour comprendre le secteur sans but lucratif et caritatif, pour connaître certains de ses défis, et ensuite, pour être en mesure de fournir un certain soutien et un certain leadership au secteur. »
Pour M. Dimock, la Fondation a apporté un soutien significatif aux organismes sans but lucratif et a amélioré le professionnalisme dans le secteur, ce qui a permis de « réduire le nombre de petits organismes bénévoles gérés dans le sous-sol de quelqu’un ainsi que d’augmenter le nombre d’organismes disposant d’un personnel professionnel et d’infrastructures organisationnelles plus durables. » L’existence de la Fondation, ajoute-t-il, a également contribué à développer une culture du bénévolat, puisque plus d’Ontariens s’engagent dans leur communauté.
Un autre outil utilisé par la FTO pour appuyer le secteur est la collaboration avec des organismes comme la Fondation pour les communautés noires (FPCN) par l’entremise de son Programme d’investissements en partenariat. La FPCN est un organisme philanthropique qui se consacre à l’investissement dans des organismes de bienfaisance, des organismes sans but lucratif et des organismes communautaires dirigés par des Noirs. La FTO a fourni à la FPCN un soutien opérationnel et du financement qui lui ont permis d’instaurer certaines de ses activités, notamment le développement organisationnel et l’octroi de subventions. La FTO a aussi investi dans la FPCN en détachant deux membres noirs de son personnel à temps plein qui ont contribué à la conception et à la mise en œuvre de la stratégie d’investissement communautaire de la FPCN.
Interrogé sur le partenariat avec la FTO, le cofondateur de la FPCN, Liban Abokor, déclare : « Il s’est avéré habilitant et non conventionnel dans le sens où la FTO a cédé beaucoup de pouvoir et a demandé à la FPCN de lui indiquer comment elle souhaitait être soutenue, et où et quand elle souhaitait être soutenue. »
Partenariats durables
Au cours des 40 dernières années, le secteur sans but lucratif de l’Ontario a considérablement mûri, en partie grâce à l’importance accrue accordée à la collaboration et aux partenariats entre les organismes. Le Programme d’investissements en partenariat de la FTO est explicitement conçu pour établir des relations entre les secteurs sans but lucratif, privé et public.
Bien que de nombreuses parties du secteur continuent à dépendre du financement gouvernemental, M. Cardozo affirme que les organismes sans but lucratif ont amélioré leur résilience et développé de nouvelles sources de financement, y compris « l’entreprise sociale, des choses comme les adhésions, les partenariats, la collaboration avec d’autres secteurs et, en général, la recherche d’autres moyens de compléter leurs revenus du gouvernement ».
La FPCN l’a illustré en tirant parti de ses liens avec la FTO pour établir de nouvelles relations avec Canadian Tire, Sun Life et la MLSE Foundation. Grâce à ces partenariats, la FPCN a recueilli plus de deux millions de dollars. « La plupart des bailleurs de fonds se contentent de dire : ” Voici mon argent et bonne chance “, explique M. Abokor. La FTO a dit : ” Non seulement nous allons nous assurer de vous appuyer, mais nous allons aussi nous assurer que toutes nos relations sont animées et activées “. »
10C, un espace de rassemblement communautaire à Guelph, a reçu du financement de démarrage et d’immobilisations de la FTO pour faire croître l’organisme avant de participer aux activités de partenariat de la Fondation. L’organisme a depuis tiré parti de sa relation avec la FTO pour participer à la Catalyst Community Finance Initiative (CCFI). En plus de la FTO et de 10C, la CCFI est composée de plusieurs bailleurs de fonds et organismes, dont Pillar Nonprofit Network, l’organisme sans but lucratif de services financiers SVX et l’Église Unie du Canada, entre autres. L’initiative pluriannuelle a été mise sur pied pour examiner l’infrastructure de la finance sociale et offrir du soutien aux organismes de finance communautaire dans les communautés locales. Dans la pratique, une grande partie du partenariat consiste à partager les connaissances et les ressources au sein du réseau, à mener des recherches ainsi qu’à cerner et défendre des interventions politiques.
« Je dirais que la méthode de partenariat de la FTO visant à travailler avec divers organismes est de loin la plus engagée en ce qui concerne la relation entre le bailleur de fonds, le projet et le développement communautaire », déclare Julia Grady, directrice générale de 10C.
Par ailleurs, pour un organisme émergent comme Mobilisation culturelle, un partenariat avec la FTO a été extraordinaire. Mobilisation culturelle est un organisme national qui mobilise des données et des recherches au profit du secteur des arts et de la culture. Une partie de ce travail consiste à combler le fossé entre le monde universitaire, les bailleurs de fonds et le secteur artistique.
Par l’entremise du Programme d’investissements en partenariat de la FTO, Mobilisation culturelle a été mis en contact avec le programme Strategic Foresight and Innovation de l’Université OCAD, où les étudiants ont aidé à concevoir et établir un plan d’affaires initial ainsi qu’une proposition de valeur pour l’organisme. « Au niveau le plus élémentaire, la FTO s’est fortement engagée dans la façon dont Mobilisation culturelle est façonné », déclare Robin Sokoloski, directrice du développement organisationnel de Mobilisation culturelle.
Encourager la mesure, l’évaluation et la numérisation
Dans l’esprit de professionnalisation du secteur, la FTO a aidé des organismes à numériser et exploiter la mesure des données.
Selon Mme Bambrick, l’utilisation des données pour mesurer l’impact peut offrir de nouvelles possibilités de générer des revenus. « Les données et les renseignements organisationnels sont un domaine que le secteur commence à reconnaître, dit-elle. La prise de décisions, fondée sur des preuves, devient de plus en plus importante dans le type de travail que font les [organismes sans but lucratif]. Et nous essayons de les aider dans ce domaine. »
M. Dimock confirme ces propos, en notant que la FTO appuie l’utilisation des données pour faire progresser le travail des organismes sans but lucratif : « Nous continuons à consacrer beaucoup d’énergie et de ressources pour nous assurer que nous utilisons au mieux les meilleures informations disponibles non seulement pour éclairer nos propres décisions, mais aussi pour aider les bénéficiaires de subventions que nous finançons à en connaître davantage sur… ce qu’ils font bien ou non et ce qu’ils peuvent utiliser à leur avantage. »
Du point de vue du secteur artistique, Mme Sokoloski croit que la recherche fondée sur des preuves est cruciale à la croissance. « Ce qui peut être un point commun au sein [du secteur], c’est la connaissance », dit‑elle, ajoutant que des recherches solides peuvent fournir « des informations sur lesquelles on peut s’appuyer. »
Pour les organismes individuels, le soutien de la FTO en matière de technologie et de numérisation a été particulièrement significatif dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Pour BBBS of Peel York, le nouveau poste de coordonnateur de l’intégration des systèmes a été créé grâce au soutien de la FTO. « Le fait de disposer de [communications numériques] fiables et efficaces accroît notre efficience et notre efficacité en tant qu’organisme », déclare Susan Nomi, directrice des programmes.
Perspectives d’avenir
Il ne fait aucun doute que la FTO façonne les organismes sans but lucratif et les communautés de l’Ontario depuis sa création il y a 40 ans. Pour l’avenir, les parties prenantes recommandent que la FTO donne la priorité au soutien de l’ensemble du secteur, à l’accessibilité et au financement durable à long terme.
« Il n’y a pas une seule communauté en Ontario où un service très apprécié et nécessaire à la communauté n’est pas soutenu par la FTO », déclare M. Abokor. Le défi est de savoir comment elle peut le faire dans toutes les communautés en se concentrant sur des partenaires de prestation de services culturellement pertinents. » Il ajoute que la FTO devrait continuer à offrir du financement pour le développement organisationnel, et non seulement pour les programmes.
Mme Sokoloski espère toujours que les bailleurs de fonds comme la FTO s’engageront davantage dans les projets qu’ils soutiennent. Elle a hâte de « trouver des façons de développer ces regroupements communautaires où les gens peuvent travailler ensemble et potentiellement changer la dynamique du pouvoir entre le bailleur de fonds et le bénéficiaire. »
Pour des organismes comme BBBS of Peel York, il est primordial que la FTO continue de financer des initiatives locales. « Si la FTO cherche à offrir ce genre de services à l’avenir, et je suis sûr qu’elle le fera, nous sommes un organisme prêt à répondre aux besoins de notre communauté. Et avec leur aide, nous pouvons le faire », déclare Mme Lowes.